AOB 215
Le 9e Régiment d'Artillerie de Marine, en garnison à Trêves, en République fédérale d'Allemagne, est le régiment d'artillerie organique de la 1ere Division Blindée, nommée, parfois aussi, division Fer de Lance.
Héritier des traditions du Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc, il tint ses quartiers, jusqu'en 1974, à Saarburg, sous l'appellation 8e R.A.Ma. (N.D.L.A. du site : en réalité, le changement d'appellation a eu lieu le 1er novembre 1970.)
Fort de quatre batteries de cinq pièces de 155 mm AMX F3, il vient de se voir doter :
- du système d'automatisation des tirs et liaisons d'artillerie (ATILA) sur VAB, ensemble électronique de haute technicité, qu'une période intense d'instruction lui permet d'appréhender à présent dans son intégralité.
- de télémètres à laser qui apportent une telle précision que les obus hésitent à tomber en dehors de l'objectif.
Implanté dans le Land de Rhénanie-Palatinat, aux frontières du Luxembourg, sur une hauteur avoisinant Trêves, ville qui se targue de 2000 ans de culture et où les vestiges romains sont... légion, le 9e R.A.Ma surplombe la vallée de la Moselle connue pour son pittoresque, pour ses crues qui n'ont pas ménagé ses riverains cet hiver et au printemps et pour ses crus, ceux-là sans eau, que les œnologues avisés ou en formation apprécient au cours de leur séjour dans cette principale région vinicole d'Allemagne.
Ce régiment, somme toute très classique de par ses structures, présente néanmoins deux particularités :
- l'une géographique, car il est, de tous les régiments des Troupes de Marine, celui situé à l'extrême nord du dispositif,
- l'autre numérique, car, depuis la dissolution du 43e R.B.I.Ma d'Offenburg (N.D.L.A. du site : le régiment de Johnny Halliday si je ne me trompe pas), il reste le seul régiment des Troupes de Marine implanté en République fédérale d'Allemagne.
La vocation essentielle des Troupes de Marine étant de servir outre-mer, on pourrait éventuellement s'attendre à ce que Marsouins et Bigors, hors de leur mission classique, se cantonnent dans un attentisme frileux en espérant des climats meilleurs.
C'est mal connaître la faculté d'adaptation qui caractérise l'Arme et son autre caractéristique non moins essentielle, celle d'avoir toujours été présente sur tous les territoires et dans tous les combats aux côtés des armes métropolitaines.
Résolument ouvert sur l'extérieur et en particulier sur le milieu allemand, le régiment ne compte plus les rencontres interalliées de tout genre.
D'ailleurs le corps est jumelé de longue date avec le 545e Feldartilleriebataillon (545e FAB) de la Bundeswehr, cantonné à Lahnstein près de Coblence, au confluent de la Moselle et du Rhin, ainsi qu'avec le 19e Régiment d'Artillerie à cheval de l'Armée belge basé à Siegen. Il a aussi des relations étroites avec le 51e Feldartilleriebataillon (51e FAB) de la Bundeswehr, cantonné à Idar-Oberstein et dont une des missions est d'assurer à l'école d'artillerie des moyens indispensables à la formation des élèves.
Sans vouloir décrire toutes les activités qui viennent apporter au régiment cette touche particulière permettant aux germanophones distingués ou débutants d'exercer leurs talents (1), on peut citer toutefois les grands volets autour desquels s'articulent les diverses manifestations.
(1) Les moins courageux exercent les leurs avec nos amis belges ce qui évidemment ne nécessite pas de longues heures de magnétophone.
LES ACTIVITES À CARACTERE TACTIQUE
Et d'abord, à tout seigneur tout honneur, ATILA a été montré dans toute l'élégance de sa jeunesse et dans toute l'efficacité de son Iris 35 M au cours des capitaines de l'Ecole de l'application de l'artillerie. Cette prestation a pu être menée grâce à la présence du capitaine Klein, du 3e R.A.Ma de Vernon, qui suivait le stage avec les Allemands. Rien, à cette occasion, n'a été épargné aux stagiaires qui se sont aussi intéressés au FAMAS et au café chaud de l'ordinaire car si la journée était ensoleillée, elle nécessitait de bons vêtements chauds. Devant le succès remporté, il ne restait qu'à recommencer. C'est ce qui a été fait deux mois plus tard devant une délégation d'officiers du 545e FAB.
Mais si le 9e R.A.Ma peut s'enorgueillir de son matériel moderne il est fier surtout de montrer ses hommes, en les mêlant à des détachements de la Bundeswehr. C'est ainsi que le peloton d'élèves gradés du régiment est allé bivouaquer pendant quatre jours avec la batterie d'instruction du 51e FAB.
C'est au sein des bivouacs mixtes que les contacts se sont créés, la barrière de la langue n'ayant pas empêché celle du dégel des relations à travers quelques mots anglais trouvés ici et là dans les souvenirs d'une période scolaire encore très proche.
Enfin, le régiment allant chaque année faire éclater la rocaille de Canjuers sous les coups de ses 155, il n'omet pas d'entraîner dans cette œuvre d'érosion la 2e Batterie du 545e FAB qui se réjouit toujours de ce séjour vraiment méridional. Il est même envisagé cette année que les deux « deuxième batterie » de chacun des régiments descendent conjointement de Bonn à Canjuers, dans une grande épopée riche en relations publiques et en kilomètres de routes.
LES ACTIVITES À CARACTERE SPORTIF
Là aussi, le domaine est vaste et largement exploité. Il s'articule essentiellement autour de trois pôles :
- Les rencontres sportives
Nombreuses, variées, elles permettent aux équipes du régiment d'affronter celles des régiments jumelés ou celles des clubs locaux de Trêves ou de sa région. On peut citer particulièrement le cross interallié du 545e FAB où le régiment emporte généralement les premières places et les journées d'athlétisme au cours desquelles il affirme que «l'essentiel est de participer».
- Les stages de ski
Organisés au sein d'unités allemandes, généralement en Bavière, ils récoltent l'adhésion de tous les participants et préparent ainsi les cadres à leur futur service outre-mer... aux Kerguelen.
- Les « Volksmarsch » ou « Marches Populaires »
Jumelée avec le club des marcheurs d'un village de la région, la batterie d'instruction participe régulièrement à des randonnées pédestres. Chaque année, le régiment organise une gigantesque Volkmarsch réunissant environ 2000 marcheurs qui, pendant deux jours consécutifs, se voient offrir la possibilité d'accomplir un parcours de 100 ou 200 kms. Ce genre d'activité, très en vogue en Allemagne, remporte toujours un vif succès.
Enfin, il ne faudrait pas quitter ce chapitre sans mentionner ce qui, chaque jour, risque de laisser le régiment sur la paille : son club équestre, riche d'une vingtaine de chevaux et qui classe le corps comme le dernier régiment de H.A.M.A.C. des Troupes de Marine (Héros de l'Artillerie de Marine À Cheval). Ce titre glorieux lui attire de jeunes allemands de l'université venant faire «carrière» dans le régiment.
LES ACTIVITES À CARACTERE TRADITIONNEL
Elles concernent essentiellement la participation réciproque de détachements aux grandes manifestations des corps. C'est ainsi qu'à Bazeilles ou lors des passations de commandement, une section allemande vient s'intégrer dans le dispositif des bigors.
Réciproquement, une section française du 9e R.A.Ma va planter son ancre dans celui de formations allemandes ou belges lors de leur fête régimentaire.
LES ACTIVITES À CARACTERE CULTUREL
Dernier volet des relations franco-allemandes, mais pas le moins important, il est déjà étroitement imbriqué dans les diverses facettes évoquées plus haut. Il fait aussi l'objet de rencontres particulières :
- au sein de la société franco-allemande, de Trêves, grâce à des conférences ou concerts ouverts à tous ceux qui le désirent ;
- directement avec l'université qui, voisine du régiment, lui permet de privilégier certaines relations. C'est ainsi que des bigors du régiment peuvent entrer en contact avec de jeunes universitaires ou que des professeurs sont venus, au cours de conférences, faire découvrir aux cadres certains aspect particuliers de la vie allemande.
A travers toutes ces activités le lecteur pourra reconnaître l'esprit qui a toujours animé les Troupes de Marine, celui de son ouverture sur le monde extérieur. Mais que ce même lecteur ne s'imagine pas que ce sont les seules activités des bigors et des marsouins des F.F.A. : il reste suffisamment de temps pour que l'aspect opérationnel de sa mission ne soit pas occulté par celui des relations publiques.
Article rédigé avec la collaboration du major MEYER.